OBJECTIF 4E ET LES CLAVIERS

(info-musicollège n°6 - janvier 1999)

Evoqués dans les ouvrages précédents sans constituer pour autant un centre d'intérêt spécifique, les claviers sont désormais partout présents dans Objectifs 4e. Ils répondent à plusieurs préoccupations :

- Satisfaire l'intérêt des élèves pour les sonorités actuelles et élargir la tessiture trop étroite de la flûte à bec soprano pour mieux explorer les diverses fonctions musicales (mélodie, accompagnement, harmonie, rythme...
- Diversifier les pratiques instrumentales de la classe en introduisant un instrument attractif, abordable avec une technicité réduite.
- Offrir aux élèves une participation active adaptée à leurs compétences : depuis l'élève étudiant en école de musique jusqu'à celui qui n'a reçu aucun enseignement musical.
- Multiplier les activités qui favorisent une assimilation réelle de la musique en permettant à chacun d'accéder aux activités de création par une recherche instinctive ou par tâtonnement.
- Favoriser une pratique collective moins "totalitaire" et plus stimulante sans alourdir le travail du professeur qui reste libre d'utiliser ou non cette nouvelle possibilité instrumentale.

Les claviers sont à introduire en nombre limité (au maximum un pour deux) et progressivement en fonction du travail et de la motivation des élèves. Leur usage est un enrichissement facultatif d'une pratique collective qui demeure avant tout vocale et corporelle.

I - Quelles progressions pour les claviers ?

Comme pour toute activité du cours d'éducation musicale, les claviers ont une progression propre, étroitement imbriquée avec la progression du langage qui demeure fondamentale et primordiale.
Celle-ci est représentée dans un tableau en 3e page de couverture sous le titre "Progression digitale au clavier".

Progression digitale au clavier

In Objectif 4e, 3e de couverture

L'usage du clavier avec des sonorités de percussions familiarise l'élève avec le mécanisme des touches qu'il doit savoir enfoncer, mais aussi relever, actionner sans "tololoter", et avec une précision rythmique.
Habillage sonore des leçons rythmiques avec quelques claviers peut permettre aux élèves de s'habituer tour à tour à trouver le bon gestes précis et efficace (Sweet Georgia Brown p.9).

Sweet Georgia Brown

In Objectif 4e, p.9

II - Quels doigtés ?

Le jeu du clavier est abordé sous l'angle des doigtés du percussionnistes et non comme on apprend au début à jouer du piano. Alternance des mains, latéralité, souplesse et précision sont autant de compétences qu'il convient d'acquérir avant de s'engager plus avant (Formation rythmique p.9)

In Objectif 4e, p.9

Les doigts forts (index et majeur) de chaque main sont d'abord mis en action et permettent le repérage des touches et des notes correspondantes. Une mélodie d'accompagnement est ainsi jouable en répartissant les notes qui la composent entre les deux mains (ce que l'on trouve d'ailleurs dans certains traits d'orgue de Bach !).

- La coloration en bleu, dans le manuel, des touches utilisées habitue l'élève à saisir du regard les notes qu'il doit jouer.
- Le respect des doigtés indiqués (main droite chiffre au dessus de la note, main gauche en dessous) est indispensable.
- La disposition des hampes vers le haut pour la main droite. vers le bas pour la gauche définit également le rôle de chaque main.

In Objectif 4e, p.24

La simplicité des textes favorise le jeu par coeur, mais c'est aussi un bon principe de demander de regarder les touches le moins possible afin de suivre, lire la partition.

Les accords sont égrenés ou partiellement plaqués (Formation instrumentale pp.18 puis 34 ou 40 ; Galaxie p.23) pour favoriser l'intégration progressive de la dimension harmonique de la musique. Ligne de basse et enveloppe harmonique sont deux constituants essentiels de la musique que les claviers permettent de mieux appréhender.

In Objectif 4e, p.34

III - Deux images de clavier dans chaque leçon

In Objectif 4e, p.12

Le clavier zoom permet de situer avec précision les touches concernées (Ré, Sol et La par exemple p.12), alors que l'autre clavier plus petit et plus allongé situe celles-ci dans la tessiture d'ensemble du clavier : à gauche, elles correspondent à une ligne de basse (qui est gauche écrite en clé de Sol octave grave pp.12 et 13) ; à droite elles concernent la ligne mélodique principale (Marche de Saül p.22) ou un contrechant au niveau de l'alto par exemple (Basse Obstinée p.16).

In Objectif 4e, p.12

Le tableau de la progression digitale ne retient que les claviers zoom et permet un travail technique sur les positions de doigts (égrenage ascendant ou descendant, continu ou discontinu, bariolages...).

IV - Claviers et autonomie

Il ne faut pas concevoir l'usage des claviers comme celui de la flûte à bec. Celle-ci traditionnellement jouée en tutti, ou en dialogue, associe tous les élèves dans une activité synchrone. La possibilité de s'entraîner séparément n'existe pas (et pour cause !) et tous les élèves doivent progresser en même temps. D'où les difficultés bien connues pour intégrer un élève n'ayant jamais fait de flûte et arrivant dans une classe de 4e où tous sont flûtistes !
Par l'usage du clavier, l'intégration d'un tel élève est désormais possible, d'autant que la simplicité solfègique des textes qui lui sont consacrés facilite simultanément une remise à niveau générale.

V - Clavier : en solo ou en groupe ?

Suivant le matériel dont il dispose, le professeur peut introduire un, deux, ou davantage de claviers, simultanément ou successivement, à la demande individuelle de certains élèves, ou en guise de "remédiation" pour ceux qui perdent pied en flûte...
D'un grand attrait pour les élèves, le clavier facilite aussi une meilleure représentation du monde sonore et permet d'approfondir certaines notions plus difficiles à concevoir avec un instrument mélodique (Comment explorer le monde des accords ? p.35). Il libère le jeu instinctif - "jeu de routine" - et favorise l'expression musicale spontanée (Comment bien enchaîner des mots musicaux ? p.15).

In Objectif 4e, p.15

- Par l'utilisation du casque avec toutes les précautions dans l'intensité et la durée qui s'imposent, un élève peut s'isoler pour mener une recherche, un exercice, ou un simple entraînement qui lui permettront ensuite de rejoindre l'ensemble de la classe dans une pratique collective en temps réel (Formation instrumentale p.18).

In Objectif 4e, p.18

- Le séquenceur souvent présent dans bien des claviers est également un outil précieux : dégageant la pratique du joug paralysant du tempo, il fournit une possibilité nouvelle de jouer à sa vitesse, à sa façon, d'expérimenter en tâtonnant ou en cherchant, de créer spontanément, d'improviser tout en gardant une trace utilisable ultérieurement (Comment créer de nouveaux mots musicaux ? p. 19).

In Objectif 4e, p.19

- Enfin, l'adjonction de l'ordinateur et de logiciels d'édition permet d'établir la partition de ce qui a été fait. La notation musicale retrouve sa fonction mnémotechnique initiale et redonne du sens au travail solfègique.
Dans le foisonnement des technologies nouvelles, le clavier électronique apporte d'importantes possibilités pour la classe notamment parce qu'il permet de fixer un discours par nature éphémère. En prise directe avec la musique, il incite les élèves à davantage d'implication et à une recherche empirique à partir de sons et de timbres existants et déjà séduisants.
Son utilisation doit être conduite avec prudence et bon sens, de manière à assurer une gestion efficace de ces nouveaux outils dans un enseignement résolument collectif.

Consciente des perspectives offertes et des difficultés à surmonter, l'Equipe Musicollège se consacre à developper de nouvelles voies à partir des T.I.C.E. - Tethnologies de l'lnformation, de la Communication
et de l'Education - !

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