LECTURE ET ECRITURE

(info-musicollège n°1 - février 1991)

Activité première du cours d'éducation musicale, la pratique collective donne à chacun la joie de pénétrer le monde des sons ; elle est aussi le passage obligé pour connaître la langue musicale, son vocabulaire, ses mécanismes, et déchiffrer progressivement son message.

Toute acquisition est subordonnée à la pratique musicale !
En doutiez-vous ?


Lecture et écriture sont abordées dans Musicollège selon la démarche naturelle que vit tout enfant dans l'apprentissage de sa langue maternelle: il parle, lit, écrit.
Les activités de lecture et d'écriture sont donc fondées, dans un premier temps, sur la connaissance de textes musicaux appris par imitation, de manière à mémoriser tournures et phrases musicales.

La lecture repose sur l'identification de mots musicaux :

- tel un élément thématique, le mot musical a une signification en soit. Cette signification en facilite la lecture. Par exemple, il est plus facile d'assimiler la gamme de Do comme une suite de mots, que comme une succession aride de notes :

- il est constitué d'un ensemble de durées ou de sons (et non d'une durée ou d'un intervalle qui ne représentent rien séparément, à l'image des lettres de l'alphabet).
- issus des textes travaillés, numérotés pour faciliter leur repérage, ces "mots musicaux" sont fredonnés par le professeur, répétés par les élèves, reconnus et lus avec le nom des notes.
- écrits volontairement sans rythme pour mieux étudier les hauteurs, les mots mélodiques doivent être mesurés pour être compréhensibles. On s'appuiera à cette fin sur les cellules rythmiques les plus utilisées dans la leçon.
ex : Musicollège 5e, leçon 11

   

- placé en tête de chaque chapitre, un mot musical rappelle l'acquisition essentielle de la leçon : rythmique ou mélodique en classe de 6e et 5e, harmonique en classe de 4e et 3e.

L'écriture est indissociable de la lecture.

L'écriture est l'activité symétrique de la lecture ; elle constitue une autre manière de lire. Sans elle, il n'y a pas de lecture possible.
Chaque exercice de lecture doit donc trouver son complément dans un travail écrit :
- la copie répétée pour fixer les mots dans la tête,
- l'identification puis la copie d'une formule dictée par le professeur, pour forcer à la lecture intérieure,
- la modification d'une note où de durées dans un mot musical, puis sa lecture à haute voix pour développer la relation écrit-oral,
- la reconstitution (Musicollège 6e p.30) ou l'élaboration (exercice possible dans tous les chapitres) d'un texte musical à partir de mots proposés pour donner le sens de la phrase (Mussicollège 6e p. 32, C).
Si la lecture procède d'une démarche un peu intuitive, l'écriture conduit davantage à la réflexion et à l'observation ; donnant au code un nouveau visage, elle invite à une nouvelle lecture.
C'est cet aller-retour qui permet d'avoir une connaissance solide de la langue.

Le déchiffrage est la phase concluante de la lecture.

C'est la lecture intellectuelle et mécanique des signes, facilitée par la compréhension du discours musical.
Lorsqu'il est pratiqué en début de formation, les élèves identifient péniblement, par comparaisons successives, chaque rythme d'une musique qui ne leur parle pas. N'en percevant pas le sens, ils n'en assimilent pas l'écriture. A l'inverse, cette activité est bénéfique dans les classes de 4e et 3e et développe le sens de la globalité du discours : période, phrase, reprise, forme. C'est ainsi que des phrases rythmiques et mélodiques courtes à déchiffrer sont proposées dans chaque chapitre de Musicollège 4e, un vocabulaire musical dans chaque chapitre de Musicollège 3e.

C'est aussi une des raisons de la refonte de ce dernier niveau : proposer beaucoup de textes à lire pour développer et rôder la connaissance des mécanismes les plus simples de la langue musicale.
On revient donc à la notion de globalité et au souci de rendre les élèves sensibles à une pensée organisée dans le temps.
A cet égard, une sensibilisation à la partition dès l'apprentissage par imitation facilitera le repérage de tous les éléments qui la constituent : ligne travaillée, numéros de mesure, lettres symbolisant les différentes phrases, barres de reprise, signes de nuances, etc.

Appréhendés par la pratique, lecture et écriture enrichissent la connaissance de la musique et permettent d'atteindre, à terme, une autonomie musicale.
Pour progresser dans ces techniques difficiles, il reste à aborder deux questions essentielles :
- les progressions, sous-tendues par la sémantique musicale,
- les activités de création et d'invention, passage obligé pour une véritable appropriation du langage.

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