NOUVEAUX PROGRAMMES EN CLASSE DE SIXIEME

(info-musicollège n°5 - Septembre 1996)

Constituant l'un des quatre grands pôles d'activités musicales au collège, le programme d'écoute insiste sur une approche globale et sensible de la musique, et sur les capacités à percevoir des éléments sonores (registres, groupes de timbres... ; nuances, tempi, phrase musicale...), avant d'aborder la connaissance approfondie de six oeuvres, illustrant des formations instrumentaire et vocales.

1 - Le plaisir d'écouter

Vivant la musique dans une pratique vocale et instrumentale d'ensemble, les élèves de sixième semblent au départ moins attirés par l'écoute.
Baignant dans un fond sonore permanent auquel ils ne prêtent plus guère attention, peu habitués à se concentrer, ils ne perçoivent pas toujours l'intérêt d'écouter une musique qui, à peine entendue, leur échappe.

Séduit par ce qu'ils jouent,
ils aiment écouter une musique devenue familière


Le plaisir d'écouter naît donc de la diversité des musiques qu'ils pratiquent et de l'approche pédagogique de cette activité.

L'audition ponctuelle

Quelques minutes de musique, écoutée seulement pour son pouvoir de séduction, dans un moment de la leçon qui paraît favorable au professeur, constituent une première étape dans l'appréhension du monde sonore.
La découverte d'un court extrait, l'écoute d'une oeuvre déja entendue ou d'un accompagnement enregistré d'Objectif 6e, la suite d'une oeuvre déja étudiée, composeront peu à peu un répertoire apprécié parce que connu.

Le choix des oeuvres

Les oeuvres choisies doivent être séduisantes par leur mélodie (La Moldau de Smetana), leur rythme (Danz, extrait des Carmina Burana de Orff), leur orchestration (Scène du Couronnement, extrait de Boris Godounov de Moussorgsky) ou leurs effets sonores (Psyché Rock de Pierre Henry).
Si le niveau de la classe considéré exclut à priori toute forme de musique savante (Messe Notre-Dame, Clavecin bien tempéré, Tristan et Yseult...), le souci de présenter d'abord les oeuvres les plus marquantes - et souvent les plus connues - doit toujours être présent à notre esprit.

Satie n'est pas Mozart,
et le cor des alpes ne détrônera jamais le violon

Une liste de propositions d'oeuvres

Une liste d'oeuvres a été dressée en troisième page de couverture :



Non limitative, elle propose, pour chaque sujet à traiter, quelques oeuvres majeures et limite la musique extra-européenne au jazz et aux folklores andin et indien ; s'ajoutent quelques propositions de musiques de film et de variété qui nous sont apparues comme des oeuvres marquantes de notre temps.

Il importe que chacun, selon ses préférences et la démarche adoptée, veille à l'équilibre dans ses choix et ne se perde pas, sous prétexte d'une exhaustivité, illusoire, dans le superflu au détriment de l'essentiel.

2 - Une méthode de travail

Des connaissances préalables

L'appropriation des six oeuvres représentatives des formations instrumentales et vocales déclinées dans les nouveaux programmes suppose :
- la capacité de reconnaître quelques timbres, registres, familles d'instruments et éléments du langage musical ;
- la connaisance d'un vocabulaire technique élémentaire, trop souvent ignoré des élèves parce qu'insuffisamment pratiqué.
Les auditions ponctuelles et l'identification des timbres proposés dans Objectif 6e (pages 35 à 39), donnent les moyens de se familiariser avec le matériel sonore, incontournable de toute formation auditive, et les termes techniques qui y sont rattachés.

Des grilles d'écoute

Utilisées dans les documents pédagogiques conçus pour l'épreuve facultative d'éducation musicale du Baccalauréat, les grilles d'écoute permettent des auditions approfondies, en offrant une méthode d'investigation efficace. Elles fixent l'attention sur les caractères sonores et affinent l'analyse par étapes successives, pour en percevoir toutes les composantes.
En sixième, la composition de la formation, le rapport entre les instruments ou les voix et la manière dont ils jouent leur rôle musical, enfin les caractéristiques de l'extrait permettent une analyse objective, qui exclut tout verbiage ou considération pseudo-musicale.


in Objectif 6e, p.47

Cette appréhension réelle effectuée l'élève peut alors, en connaissance de cause exprimer son sentiment sur la musique analysée.

Réductrices d'aléas, les grilles forgent l'écoute !

3 - Une iconographie substantielle

Un joueur de Balafon, in Objectif 6e, p.42

Objectif 6e comprend de nombreuses reproductions d'instruments et d'instrumentistes, auxquelles les élèves peuvent se référer à tout moment et qui imprègnent la mémoire visuelle.
Chaque grille consacrée à l'étude d'une formation est agrémentée de personnages, ou groupes de personnages, qui permettent de reconstituer la formation entendue :


Petite Musique Nuit, W.A. Mozart (p. 40) - Quel groupe instrumental interprète cette oeuvre ?


Ainsi concrétisée, la formation repérée dans l'oeuvre étudiée est mieux saisie par l'élève et fait percevoir les multiples combinaisons instrumentaire et vocales qui s'offrent aux compositeurs.


Poème électronique, E. Varèse (p. 47) - Comment câbler les appareils utilisés ?

Les nouveaux programmes d'écoute en classe de sixième définissent clairement le champ culturel d'écoute et là progression à adopter.
si, l'on admet que "l'appropriation d'un répertoire d'au moins dix oeuvres" nécessite trois séances pour chaque oeuvre, il en résulte que la moitié de l'année scolaire au moins est nécessaire pour accomplir ce travail.
L'autre partie du temps sera conscré aux auditions ponctuelles et à l'identification des timbres.

La cohérence de la progression dans le domaine de l'écoute ne peut pas toujours se développer parallèlement à celle du langage musical, clé de voûte de notre enseignement : le choix des oeuvres pour l'écoute approfondie, reste donc subordonné, dans la mesure du possible, aux paramètres musicaux de la progression linguistique.
Ainsi se rejoignent cohérence culturelle et cohérence musicale.

A force d'en jouer, on fini par l'écouter !

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