LE LANGAGE MUSICAL

(info-musicollège n°9 - septembre 2001)

Le langage est l'ensemble des signes écrits et sonores qui permettent de communiquer.
Il est des langages communs au plus grand nombre, comme la langue maternelle, d'autres plus spécialisés le langage de la peinture ou des mathématiques par exemple. Enfin, le langage porte en général la marque d'une époque ou/et d'un auteur : Mozart et Haydn sont classiques mais différents.

De nos jours, sous le phénomène de la mondialisation et de la diffusion par les médias, l'environnement musical est largement dominé par la musique tonale, le mélange des genres et le métissage.
L'emploi de rythmes syncopés et d'accords de 4 sons et plus constitue les caractéristiques les plus fréquentes des musiques actuelles (Salsa in Objectif 4e p. 33).
C'est la raison pour laquelle les Objectifs se fondent sur ce langage commun et abordent tous les styles : Telemann, salsa, musique irlandaise ou cajun... (in Objectif 4e), certains des accompagnements enregistrés pouvant nourrir l'activité d'écoute (Stratosphère, thème 6 in Objectif 6e).

Le langage musical est de type discursif, c'est-à-dire qu'il raconte ; comme tous les langages de ce type, il se parle d'abord, puis se lit, enfin s'écrit.
Parce qu'il se déroule dans le temps, son assimilation repose, comme pour tout apprentissage, sur la mémoire.
C'est pourquoi tous les textes musicaux sont suivis (et non précédés) d'exercices d'analyse, de lecture et d'écriture et font appel si fréquemment au "par coeur".
Ses éléments constitutifs sont la forme, le rythme, la mélodie et l'harmonie.
Indissociables de toute pratique musicale, nuances et timbre jouent rarement un rôle structurel.

La forme

Elle est liée à la période, élément structurel qui s'impose durant toute l'oeuvre et le plus aisé à sentir.
Plusieurs périodes (quelquefois une seule) génèrent une phrase, souvent composée d'un antécédent (la question) et d'un conséquent (la réponse) ; une suite de phrases génère une forme, sorte de plan qui ordonne la pensée musicale et permet d'en suivre le déroulement.

Période et forme jouent un rôle essentiel dans la pratique musicale et la maîtrise des enchaînements.

Ces deux éléments sont en permanence au coeur des apprentissages, par le dialogue, l'improvisation et l'iden­tification des différentes parties d'un morceau (Gavotte in Objectif 6e p.31 ; Mariachis in Objectif 5e p.34 ; ponctuation d'une phrase in Objectif 4e p.25 ; Rumba bossa in Objectif 3e p.23).


Représentation graphique d'une forme musicale enregistrée sur Cubase

Le rythme

C'est d'abord le mouvement, comme le déroulement de la pellicule pour un film ou le débit de la parole pour une poésie.
Le mouvement, c'est l'enchaînement des périodes qui donnent la stabilité par le retour des points d'appui, le mode rythmique (binaire ou ternaire) et la structure des phrases (sur le temps ou thétique, en anacrouse ou arsique).

La période repose sur une cellule rythmique génératrice que nous appelons le mot musical.
Les mots rythmiques se génèrent les uns les autres et peuvent être classés par familles (binaire, ternaire, anacrousique, thétique...).
La connaissance des structures et des parentés rythmiques entre les mots musicaux détermine la progression des apprentissages.

La stabilité rythmique s'acquiert par l'apprentissage en imitation ; la mise en place d'une phrase par le découpage des différentes périodes et le respect des points d'appui, car une musique se "monte" comme un jeu de construction !

Le respect de la progression détermine naturellement les phases d'acquisition, facilite l'aisance rythmique, le jeu instrumental et la connaissance du langage - identification, lecture et écriture.

La mélodie

La tonalité est l'organisation d'une échelle sonore diatonique autour de notes pivots. Elle ordonne la mélodie comme la période organise le rythme.
Les mots mélodiques sont issus des degrés forts de la gamme (I, IV, V ou II, IV, V) qui sont plus ou moins ornementés ; ils sont aussi une mélodisation des cellules rythmiques dont ils renforcent le sens musical (un temps fort supporte un degré fort).

C'est pourquoi toute leçon mélodique est préparée par une leçon rythmique : cette démarche isole les difficultés et fait sentir les liens structurels entre rythme et mélodie (Objectif 5e p.10 et 12).

Comme les mots rythmiques, le mots mélodiques se génèrent les uns les autres, par imitation, symétrie ou amplification et peuvent être classés par familles (majeur-binaire, majeur-ternaire, anacrousique, thétique, suspensif, conclusif...).

Si la musique est "incapable d'exprimer quoi que ce soit" selon Stravinsky, (bien qu'elle puisse exalter les sentiments ou situations sociologiques), elle a une logique interne et une signification propre qui permettent de la comprendre. (cf. Objectif 4e p. 12).

La connaissance des mots musicaux, rythmiques et mélodiques, et la reconnaissance de leur parenté facilite leur identification, leur lecture et leur écriture.

Les Objectif développent à travers des textes musicaux, pour la plupart originaux, des tournures et expressions musicales de base qui constituent le fonds du langage musical (Delta blues in Objectif 4e p. 8, Mariachis in Objectif 5e p. 34).

L'harmonie

"La mélodie naît de l'harmonie" nous dit Rameau : on est passé en quelques siècles d'une musique horizontale à une musique verticale.
Les accords charpentent le discours musical et en facilitent la perception. Ils constituent le support harmonique de la période (notamment dans la basse obstinée, la grille harmonique et l'improvisation) et renforcent la tonalité par l'emploi de formules types, dont les cadences qui ponctuent le discours musical.
Enfin, ils contribuent à définir le style d'une musique par la nature et la "couleur" des accords employés (accords dissonants, enchaînements particuliers, in Objectif 6e p. 23 et 29).

C'est pourquoi, sans supprimer le travail a cappella, l'accompagnement - qui est un élément incontournable de la musique - joue un rôle important dans les apprentissages et familiarise les élèves avec la dimension harmonique.
Abordée en quatrième, cette notion est introduite par la ponctuation des phrases et l'improvisation sur une basse obstinée (Objectif 4e p. 54).

- La connaissance instinctive puis technique du langage facilite les échanges musicaux et permet le plaisir musical partagé.
- Le répertoire des Objectif s'ordonne selon une progression linguistique combinée à une progression instrumentale (flûte, percussions, clavier) : son rôle est de faciliter les apprentissages et de donner une formation musicale cohérente.
- Lecture et écriture ne sont pas l'apprentissage d'un catalogue de signes mais l'acquisition progressive d'un vocabulaire. Pour favoriser cette acquisition, les Objectif utilisent des signes simples (tonalités peu nombreuses et répétées), ce qui n'empêche pas le décalage inévitable entre pratique et lecture.
- Par leur emplacement dans ces manuels, les chants illustrent le langage étudié. Avec l'écoute d'oeuvres utilisant le même langage, ils permettent d'aboutir à l'unité de cours, c'est-à-dire à la cohérence pédagogique.

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